« Je dois absolument trouver la personne
qu’il me faut ! » se dit cette gérante de petite entreprise à
Argenton-sur-Creuse. Appelons-la Christine. Elle a besoin d’une nouvelle
salariée qui aura envie d’apprendre le métier pour devenir dans deux ou trois
ans responsable d’un nouveau bureau de l’entreprise. Il s’agit de
portage salarial. En deux mots : embaucher et « gérer » des
salariés de professions très diverses qui ont choisi de travailler avec leur
propre clientèle, un peu comme des VRP. En salariés autonomes plutôt
qu’en indépendants.
En transmettant son offre à l’ANPE, Christine est très
claire : « Je demande au moins cinq ans d’expérience et la pratique
des logiciels standard. Et un français écrit correct. Envoyez-moi toutes les
candidatures avec ce profil. »
Quelques jours plus tard, l’ANPE transmet les premières candidatures. « Mais... plusieurs sont des débutants, sortant juste des études ! Ce n’est pas ce que j’ai demandé... Et l'orthographe, hou la la, la plupart des candidats font plein de fautes ! »
« Tiens, dans la boîte aux lettres, une candidature directe ! » Une femme de 41 ans, dix ans d’expérience, l’air
motivée. D'après son CV et sa lettre, cette candidate paraît avoir le meilleur profil, Christine
la « sent » bien. Et elle fait confiance à son intuition :
elle a une longue expérience du
recrutement… et de travailler avec ceux qu’elle avait engagés. Elle l’appelle
pour lui proposer un entretien. En tête de liste.
Elle avait raison : le jour où Christine
l’appelait pour lui proposer un rendez-vous, l’ANPE lui téléphonait pour lui
annoncer que sa candidature n’était pas retenue. Christine en a eu des sueurs
froides : si la candidate n’avait pas réussi à la trouver par ses propres moyens, elle aurait
raté l’occasion de l’embaucher !
Cette histoire n’a pas surpris la chef d'entreprise.
Elle correspond à l’image qu’elle et d’autres ont de l’ANPE locale. D’autres
m’ont dit que ce sont peut-être des consignes d’en haut, de transmettre de
toute façon des candidatures de jeunes diplômés ? Christine est de
tempérament militant contre les injustices de l’heure, mais que faire ?
Article très bien rédigé. Merci pour ce petit clin d'oeil. Juste une chose... si Christine a eu des sueurs froides, imaginez ce qu'il en a été pour moi lorsque j'ai vu cette offre d'emploi sur le site de l'ANPE. Il m'a effectivement fallu me glisser dans la peau, ou plutôt l'imper de Columbo, pour accéder à l'adresse de cet employeur ! Je ne vais pas palabrer sur mes démarches mais simplement dire qu'il y en a marre de faire croire aux demandeurs d'emploi qu'ils ont accès aux offres que sur leur site. Ce que l'ANPE ne dit pas c'est que malgré l'envoi de candidatures sur ce fameux site, ses administrés s'autorisent à juger la catégorie dans laquelle vous devez rester. Donc personne ne pourrait avoir accès à la reconversion. Plutôt restrictif comme sélection!!! Pour clôturer imaginez ce qui peut arriver à un demandeur d'emploi qui ne possède pas internet. Car le fin de l'histoire c'est qu'il n'y a pas d'affichage dans les petits bureaux ANPE des petites villes avoisinantes. Bilan : faites preuve de culot, de motivation, d'ambition, battez vous contre leur système qui vous conforterait à la longue dans l'idée que peut-être vous ne valez plus rien sur le marché de l'emploi. Bon courage et sachez qu'il existe des employeurs comme Christine qui n'attendent pas que les offres de l'ANPE.
Rédigé par : La candidate embauchée de Christine... | 07 février 2008 à 15:38