Encadrée
de hautes murailles grisâtres, couronnées de créneaux en fleurs de lys.
Au
centre, une fontaine casquée d’un pavillon anguleux et d’un dôme,
Posés sur une colonnade circulaire.
Un lieu austère mais accueillant,
Comme
un cirque montagneux dans un désert qui abriterait un puits source de vie.
Imposant mais pas écrasant.
Solennel mais pas théâtral.
Percée de chaque côté de la muraille, une énorme cavité
voûtée.
M’évoque un porche immense.
Au sommet des murs nus et aveugles, des stalactites de
pierre ou de bois.
Plus bas, une élégante frise de pierre ceinture les murs
Et couronne des motifs géométriques.
Qui adoucissent la sévérité du décor.
Contre le
mur du fond, le minbar : un escalier de bois luxueusement ouvragé
Surélève
le prédicateur face à la foule des fidèles,
A côté de
lui, le mirhab : une niche décorée donne la direction de la Mecque.
Du
plafond surélevé descend un réseau de fils d’une longueur démesurée
Qui
donnent à la voûte immense des allures de gigantesque chrysalide en devenir.
Au bout
de chacun de ces fils, des lampes blanches et vertes.
J’y vois
un symbole de lumière divine, tombant de hauteurs infinies,
A la
rencontre de tous les fidèles
Convertie
en douce lueur au moment de les atteindre.
Entre ces
lampes et le sol couvert de tapis de prière,
Un écart
de quatre mètres peut-être
Dessinant
l’espace des humains et leur place dans cet univers.
Ample à
leur échelle, modeste face à
l’incommensurable.
Nous
sommes dans la mosquée madrasa Sultan el Hassan du Caire.
Ouverte
sur la rumeur de la ville et sur le ciel.
J’ai
visité tant d’églises, de temples, de mosquées en bâtiments clos,
comme
soustraits au monde.
Plafonds,
voûtes et dômes y tiennent lieu de ciel.
Résonance
et ambiance y intiment à la discrétion, au recueillement.
Je m’y
sens sous cloche, sombre ou dorée.
Ce lieu
ouvert, paisiblement austère,
Solennellement
accueillant
M’invite
à une méditation sereine.
Si
j’étais musulman,
J’aurais
envie moi aussi d’y venir tranquillement
lire, me
reposer ou prier.
La mosquée madrasa (centre d’études) du sultan El Hassan est un
chef d’œuvre reconnu de l’architecture mamelouke.
Elle a été construite au XIVe
siècle sur un plan à iwan, c’est-à-dire à grandes niches ou portes aveugles.
Pour une présentation plus détaillée voir l’article publié sur le site baron & baron
(http://www.baronbaron.com/index.html site de guides, récits et carnets de
voyage non traditionnels)
Merci à Sabine Schaller et Jean-Pascal Bezy pour leurs photos que je me suis permis d'utiliser et plusieurs fois de recadrer pour ce billet.
Jérôme Spick, juillet 2008