« Un grand calligraphe, peintre, connaisseur et esthète Mi Fu, (1051-1107) avait été nommé à un poste administratif dans une préfecture de province. A son arrivée, il revêtit ses vêtements de cour, mais au lieu de se présenter d’abord à son supérieur hiérarchique, comme les convenances bureaucratiques l’eussent exigé, il alla en tout premier lieu offrir ses respects à un rocher fameux pour sa forme étrange, qui se dressait dans les environs.»
« L’Empereur avait chargé Wu
Daozi de peindre une cascade sur un mur du palais ; quelques jours plus tard,
il dut demander à l’artiste d’effacer son ouvrage : la nuit, le bruit de l’eau
l’empêchait de dormir. »
« Ce n’est pas par simple goût du paradoxe qu’un grand
peintre de l’époque Qing* pouvait écrire sur un de ses chefs-d’œuvre cette
provocante déclaration calligraphique : « Ce que je redoute par-dessus tout,
c’est que ma peinture puisse paraître habile. » *XVIIe-XXe siècles
« Les lettrés chinois, qui véritablement passaient
leur vie entière le pinceau à la main (…) avaient naturellement pour cet
instrument une vénération et un attachement particuliers : certains
lettrés allaient jusqu’à creuser de petits cimetières, avec stèle et épitaphes,
pour leurs pinceaux usagés. »
« Un peintre de la fin des Qing avait développé l’habitude
de détruire ses peintures au fur et à mesure de leur achèvement, pour mieux
souligner que l’œuvre finie n’était au fond que le dépôt visible, le résidu
matériel laissé par une expérience spirituelle qui seule l’intéressait. »
« Pour l’esprit chinois, le rare et l’exquis s’identifient
toujours à une sobriété austère et dépouillée qui est aux antipodes de la
préciosité. »
Portrait de l'empereur Huizong des Song (1101-1125)
Ces citations de Simon Leys sont extraites de "Premiers éléments d'un petit dictionnaire de la peinture chinoise", publié dans « Trésors du Musée national du Palais, Taipei – mémoire d’Empire », catalogue de l’exposition du même nom, d’octobre 1998 à janvier 1999 aux Galeries nationales du Grand Palais. AFAA, Paris, 1998. pp. 237-247.
Simon Leys de son vrai nom Pierre Ryckmans, né le 28
septembre 1935 à Bruxelles, est un écrivain, essayiste, critique littéraire et
sinologue belge, de langue française et anglaise. Voir l’encyclopédie Wikipedia
en ligne .
Une présentation synthétique sur la peinture chinoise traditionnelle se trouve sur le site « Chine-informations » (http://www.chine-informations.com/guide/la-peinture-traditionnelle-chinoise_322.html),
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